BEL : Annales des sujets de lettres

ça fait déjà un petit bout de temps que Marcel cherche à rassembler sur le même post les sujets de composition française qui ont été donnés depuis 2010, date de la réforme de la BEL. le confinement aura eu au moins le mérite de lui permettre de mener ce petit projet à bien. Voici donc année par année et par ordre décroissant, la liste de oeuvres, des thèmes et des sujets sur lesquels des générations de khâgneux ont planché...  On se rappelle ici que les premières années, le programme comptait plutôt 5 oeuvres que 4 et que nous connûmes une annus horribilis en 2014, avec un programme aussi gigantesque qu'incohérent. Les choses se sont plutôt améliorées ensuite. Pourvu que ça dure... 

2023

axes d'étude 
oeuvres : 

2022


axes d'étude : La prose ;  littérature et morale ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur
oeuvres : Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves ; Balzac, Illusions perdues ; Diderot, Le Fils naturel ; Francis Ponge, Le Parti pris des choses  

Sujet : La prose, en ce qu'elle est un régime a priori familier du langage, et à ce titre presque inaperçu (le génie de Molière est d'avoir fait une révélation comique du fait que nous en faisons tous sans le savoir), en ce qu'elle est chose commune, est d'autant plus puissante lorsqu'elle se distingue de manière absolument décisive en rythme et singularité stylistique : elle est alors la forme la plus apte à devenir l'appropriation intime du proche, du peu visible, à donner éclat à ce qui demeure habituellement dans l’indistinct. »

(Jacques Neefs, « Flaubert, Baudelaire : la prose narrative comme art moderne », dans Jean-Nicolas Illouz et Jacques Neefs (dir.), Crise de prose, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2002, p. 144)

2021

axes d'étude Le lyrisme, l'oeuvre et l'auteur, Littérature et morale
oeuvres : Du Bellay, Les Regrets ; Racine, Bérénice ; Verlaine, Poèmes saturniens, Fêtes galantes ; Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein

Sujet : Il y a lyrisme dès qu’il y a circulation. Rien de plus lyrique que le sang. D’où, peut-être, y a-t-il un lyrisme par homme. Un battement de cœur particulier qui sonne l’heure d’un discours ininterrompu, puisque discontinu. » (Georges Perros, Papiers collés III, Gallimard, « Le chemin », 1978, p.18).
 

2020

axes d'étude : le récit bref ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; la représentation littéraire
oeuvres : La Fontaine, Fables livres I à VI ; Maupassant, La Maison Tellier et autres nouvelles ; Henri Michaux, La Nuit remue ; Nathalie Sarraute, Tropismes


Sujet :  « Si le récit bref se caractérise par un univers diégétique stable, borné par une forme complexe de subjectivité, il inclut aussi l’expression d’une absence qui grève son apparente complétude et qui se traduit fréquemment par une impression de frustration chez le lecteur. Chaque auteur crée en effet une tension entre, d’une part, une écriture ‘pleine’, approfondissant le champ défini initialement et, d’autre part, un vide qui s’ouvre dans les attitudes des personnages, dans la parole narrante et dans l’écriture, nourrie de suspensions.» (Catherine Grall, Le Sens de la brièveté, Paris, Honoré Champion, 2003, p. 243.)

2019

axes d'étude Le roman ; la représentation littéraire, littérature et politique
oeuvres : Madame de Lafayette, La Princesse de clèves ; Victor Hugo, Quatrevingtreize ; Aragon, Le Roman inachevé ; Pierre Michon, les Onze.

Sujet : « De tous les arts, pourrait-on proposer, le roman est celui où s’exprime au plus haut point la conscience de ce qui n’est plus. [...] Si le roman semble avoir les yeux tournés vers l’avenir, si ses héros peuvent s’élancer librement vers une existence qui leur est encore inconnue [...], c’est parce qu’il les a d’abord tournés vers le passé et que ce regard lui permet de prendre la mesure de ce qui a disparu. Le roman garde la mémoire de ce qui a cessé d’agir et de faire loi, de ce qui a cessé d’être vrai ou juste et dont la disparition ou, si l’on préfère, la perte, est ce avec quoi il nous faut vivre désormais, ce qui constitue la donnée même de notre existence. » (Isabelle Daunais, Les Grandes Disparitions. Essai sur la mémoire du roman, Saint-Denis, Presses Universitaires de Vincennes, 2008, p. 12).

2018 

axes d'étude : Le romantisme ; l'oeuvre littéraire et l'auteur ; littérature et savoirs
oeuvres : J-J Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire ; Lamartine, Méditations poétiques, Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
Sujet : Selon Robert Legros, le romantisme conteste que l’auteur d’une œuvre « ne soit qu’un intermédiaire qui ne fasse pas preuve d’originalité. Tout au contraire : il se montre d’autant plus original, d’autant plus personnel qu’il laisse émerger ce qui lui appartient le moins. D’autant plus original qu’il ne se veut pas luimême sa propre origine mais laisse parler en lui une origine plus initiale, ou s’exprimer une initiative plus fondamentale que la sienne propre, plus profonde que celle d’une conscience individuelle ou d’une volontésouveraine. » (L’Idée d’HumanitéParis, Grasset, 1990, p. 64.)

2017 

axes d'étude : La Poésie ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; l'oeuvre et son lecteur
oeuvres : Agrippa d'Aubigné, les Tragiques, livres I et II ; Racine, Bérénice ; Jules Laforgue, Les Complaintes ; Aragon, Aurélien

Sujet : SUJET : « La lecture d’un ouvrage littéraire n’est pas seulement, d’un esprit dans un autre esprit, le transvasement d’un complexe organisé d’idées et d’images, ni le travail actif d’un sujet sur une collection de signes qu’il a à réanimer à sa manière de bout en bout, c’est aussi, tout au long d’une visite intégralement réglée, à l’itinéraire de laquelle il n’est nul moyen de changer une virgule, l’accueil au lecteur de quelqu’un : le concepteur et le constructeur, devenu le nu-propriétaire, qui vous fait du début à la fin les honneurs de sondomaine, et de la compagnie duquel il n’est pas question de se libérer. » (Julien Gracq, En lisant en écrivant [1980], Œuvres complètes, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 673). 

2016

axes d'étude : Le roman ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; littérature et politique
oeuvres : Corneille, Le Cid ; Marivaux, Le Paysan parvenu ; Victor Hugo, Quatrevingt-treize, Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

Sujet : « Un grand roman, c’est toujours, en même temps, l’ébauche désespérée d’un Jugement dernier. Mais le romancier ne peut pas mettre à sa droite les justes et à sa gauche les réprouvés. Il suspend son jugement à l’instant même où celui-ci devrait trancher. S’il rend un jugement, c’est un jugement sans verdict. » (Claude Roy, Défense de la littératureGallimard, 1968, p. 121-122.)

2015 


axes d'étude : l'autobiographie ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; l'oeuvre littéraire et le lecteur
oeuvres : Du Bellay, Les Regrets ; Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions livres I à VI ; Gérard de Nerval, Aurélia ; Aimé Césaire, Cahier d'un retour au pays natal

Sujet : « Ce que je méconnaissais, c’est qu’à la base de toute introspection il y a goût de se contempler et qu’au fond de toute confession il y a désir d’être absous. Me regarder sans complaisance, c’était encore me regarder, maintenir mes yeux fixés sur moi au lieu de les porter au-delà pour me dépasser vers quelque chose de plus largement humain. Me dévoiler devant les autres mais le faire dans un écrit dont je souhaitais qu’il fût bien rédigé et architecturé, riche d’aperçus et émouvant, c’était tenter de les séduire pour qu’ils me soientindulgents, limiter – de toute façon – le scandale en lui donnant forme esthétique. »

(Michel Leiris, « De la littérature considérée comme une tauromachie », [1946], in L’Âge d’homme, Gallimard, 1973, p. 13-14.) 

2014 (année folle !)

axes d'étude : Le théâtre ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; littérature et morale
oeuvres : Agrippa d'Aubigné, Les Tragiques, livres V, VI et VII ; Honoré de Balzac, Le Faiseur ; Bernard-Marie Koltès, Dans la solitude des chants de coton ; Victor Hugo, Cromwell (pièce ET préface) ; Voltaire, Le Siècle de Louis XIV, tome 1 

Sujet « Si donc la valeur du théâtre était dans le grossissement des effets, il fallait les grossir davantage encore, les souligner, les accentuer au maximum. Pousser le théâtre au-delà de cette zone intermédiaire qui n’est ni théâtre, ni littérature, c’est le restituer à son cadre propre, à ses limites naturelles. Il fallait non pas cacher les ficelles, mais les rendre plus visibles encore, délibérément évidentes, aller à fond dans le grotesque, la caricature, au-delà de la pâle ironie des spirituelles comédies de salon. [...] Pousser tout au paroxysme, là où sont les sources du tragique. Faire un théâtre de violence : violemment comique, violemment dramatique.» (Eugène Ionesco, « Expérience du théâtre » [1958], Notes et Contre-notes, Gallimard, 1962, p. 12-13.)

2013 


axes d'étude : le roman ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; littérature et politique
oeuvres : Molière, Dom Juan ; Marivaux, Le Paysan parvenu ; Lamartine, Méditations poétiques et nouvelles méditations poétiques ; Ahmadou Kourouma, Les Soleils des indépendances 

Sujet : « Dans le roman se réalise la reconnaissance de son propre langage dans un langage étranger, la reconnaissance, dans la vision du monde d’autrui, de sa propre vision. Dans le roman s’opère une traduction idéologique du langage d’autrui, le dépassement de son “étrangeté”, qui n’est que fortuite, extérieure et apparente. » (Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, Gallimard, 1987, p. 182.)

 2012 

axes d'étude : la poésie ; l'oeuvre littéraire, ses propriétés, sa valeur ; l'oeuvre littéraire et le lecteur
oeuvres : François Villon, Le Grand testament ; Jean Racine, Phèdre ; Honoré de Balzac, La Recherche de l'absolu ; Apollinaire, Alcools

Sujet : « La poésie est essentiellement philosophique, mais [...] elle doit être involontairement philosophique. » (Charles Baudelaire,  « Prométhée délivré par L. De Senneville » [1846], dans Écrits sur la littérature, Le Livre de poche, 2005, p. 71)

2011 

axes d'étude : La poésie ; la représentation littéraire ; l'oeuvre et l'auteur
oeuvres : Michel de Montaigne, Essais I ; La Fontaine, Fables ; Beaumarchais, Le Mariage de Figaro ; Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris ; Claude Simon, La Route des Flandres
 Sujet « En tant qu’écrivain, je n’ai rêvé que constructions et j’ai abhorré l’impulsion qui couvre le papier d’une production successive.

     Si pressante et riche et heureuse soit-elle, cette foison ne m’intéresse pas. J’y vois une génération “linéaire” qui exclut toute composition. Je sais que la plupart admirent ceci et s’en enivrent. — Mais ces feux qui s’allument de cime en cime et s’éteignent aussi, ne me donnent jamais mon plaisir complet.

     Mon désir eût été d’écrire en traitant presque simultanément toutes les parties de l’ouvrage, et les menant presque à la fois à leur état final. Comme on peint sur un mur. Et avec des préparations et ce qu’il faut pour donner des liaisons et des correspondances d’un bout à l’autre. Ne pas oublier la fin quand on fait le commencement — etc. »
(Paul Valéry, Cahiers, 1935, repris dans Ego scriptor, Gallimard, « Poésie », 1992)

2010 (l'année de la coquille)

axes d'étude : Le roman ; l'oeuvre et l'auteur ; littérature et politique
oeuvres : Du Bellay, Les Regrets ; Madame de Lafayette, La Princesse de Clèves ; Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ; Flaubert, L'Éducation sentimentale ; Jean-Paul Sartre, Les Mains sales

Sujet : À propos de sa mission d’écrivain, Pierre-Simon Ballanche écrit en 1818 dans son Essai sur les institutions sociales : « Je ne prétends m’ériger ni en censeur des gouvernements ni en précepteur des peuples ; ma tâche est, en quelque sorte, celle d’un historien sans affectation (1) et sans haine... » (Essai sur les institutions sociales, chapitre I, Paris, Fayard, 1991, p. 19).
1 : Ballanche disait en fait "sans affection et sans haine")

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