Histoire drôle : Kundera et sa grand-mère

      Marcel n'aime plus tellement Kundera, mais il aime encore beaucoup l'histoire qu'il rapporte dans Le Rideau, histoire qui entend démontrer que l'oeuvre n'appartient qu'à une seule personne, son auteur, car "ce que l'auteur a créé, n'appartient ni à son papa, ni à sa maman, ni à sa nation ni à l'humanité, cela n'appartient qu'à lui-même, il peut le publier, quand il veut et s'il le veut, il peut le changer, le corriger, l'allonger, le raccourcir, le jeter dans la cuvette et tirer la chasse d'eau sans avoir le moindre devoir de s'en expliquer à qui que ce soit". Cette morale est évidemment très objectable, mais elle ne rend pas moins drôle l'histoire que voici :

      Un petit garçon promène sa vieille grand-mère aveugle. Ils marchent dans la rue et, de temps en temps, le petit garçon dit : "Grand-mère, attention, une racine !" Se croyant dans un chemin de forêt, la vieille dame fait des sauts. Les passants blâment le petit garçon : "Petit garçon, comme tu traites ta grand-mère !" Et le petit garçon : "C'est ma grand-mère à moi ! Je la traite comme je veux !" 

(Milan Kundera, Le Rideau, Folio, p. 122)