Connaissez-vous le taratantara ?


Ceci n’est pas un taratantara mais un clairon à gousset
Marcel somnolait mollement devant un article consacré à la métrique chez Verlaine, quand soudain : CHOC, ÉBLOUISSEMENT, JOIE, JOIE, PLEURS DE JOIE, il rencontre le TARATANTARA ! Je vois à vos yeux déjà ébahis que vous frétillez d’impatience de savoir ce qu’est un taratantara. Mais Khâgneuse, khâgneux, sois prévenu-e ! Si tu crois que le taratantara est une espèce d’araignée venimeuse, un instrument de musique indien, ou même un juron moldo-valaque, tu vas être cruellement détrompé-e. 
Non ! Le TARATANTARA est un DÉCASYLLABE, oui en apparence c’est un simple décasyllabe (je comprends votre déception, Marcel aussi a un peu déplané en l’apprenant 😞). Mais ce n’est pas n’importe quel décasyllabe car, tandis que la césure du décasyllabe se fait au 4ème ou au 6ème temps (4/6 ou 6/4), le taratantara, lui se coupe au milieu en deux audacieux hémistiches de 5 chacun, de sorte que si vous écrivez le vers suivant :
Taratantara Taratantara 
Vous obtenez un parfait taratantara et non un simple décasyllabe comme vous le pensiez naïvement avant la lecture de cette chronique. Et le plus surprenant, c’est que le taratantara a son histoire et il a même son livre : les éditions Garnier ont publié en 2011 l’étude d’Alain Chevrier, Le Décasyllabe à césure médiane, histoire du taratantara. On y apprend (mais Marcel avoue bien humblement n’avoir lu que le résumé) que le taratantara est à l’origine un mimologisme, censé qualifier le son de la trompette sur le champ de bataille. Il désigne donc à l’origine un son à la fois enjoué et cacophonique, avant de désigner ce décasyllabe à césure médiane, dont on trouve les premières occurrences dans La Séquence de Sainte-Eulalie au IXème siècle. (Mais la suite de son histoire est encore plus passionnante...) 


Un autre exemple de ce qui n’est pas
un taratantara, mais juste une tarentule
Alors ma foi, à quoi ça sert tout ça ? Eh bien il semble à Marcel que si vous montrez que de « Crépuscule du soir mystique » à « Promenade sentimentale » dans Poèmes saturniens de Verlaine, la rupture s’opère par le passage du décasyllabe au taratantara, vous risquez quand même de faire votre petit effet en colle 🤓, en partie parce que ce mètre convient particulièrement au rythme de la chanson, en partie parce qu’il est l’enfant chéri des Parnassiens, en partie parce que le mot est à lui même une pure déléctation, et en partie quand même - car Marcel doit bien être sérieux quelquefois - car c’est une forme-sens. Certes, Marcel n’est pas encore tout à fait en mesure de dire quel(s) sens. Mais il va sûrement trouver quelque chose d’ici la rentrée...

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Sur le taratantara 







Commentaires

  1. Chouette article :) Merci !
    Mais "Taratantara Tarantara" ne forme-t-il pas un énnéasyllabe ? Ne faudrait-il pas répéter "taratantara" deux fois de suite pour en obtenir un ?

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