Histoire drôle : drôles de cocottes

"Monticelli, "Une soirée chez 
la Païva" (célèbre courtisane : 1819-1884)
          Afin de compenser un peu l'esprit de sérieux qui menace parfois Marcel et ses chroniques et ne décevoir aucun·e de ses 54 followers (Kim Kardashian, prends garde à toi, Marcel arrive😁), il décide de renouer avec la tradition des histoires drôles qui ont fait les délices de ses débuts. Et puisque nous évoluons cette année dans l'univers sulfureux des cocottes du XIXème siècle avec Balzac le p'tit farceur, voici la traduction libre d'un bon mot attribué à Madame du Val-noble, célèbre demi-mondaine de la Comédie humaine. Après un début comme ouvrière-blanchisseuse, elle devient une des courtisanes les plus spirituelles et les plus en vue de son temps, au point d'exercer dans le roman son « influence sur les banquiers, les grands seigneurs et les écrivains du parti royaliste » (Illusions perdues, p. 513). 
     La réussite des cocottes, pour être complète, devait comme on le sait se matérialiser  par la possession d'un hôtel particulier bien en vue dans un des quartiers chics de la capitale, dont le mobilier aussi luxueux que criard était selon les frères Goncourt « de ce goût de la Renaissance de fille, l'Henri II de bordel, le château de Blois dans un bidet, le Louvre du caniveau » (cité par B. Briais dans Grandes courtisanes du second Empire, Tallandier, 1980). Ce n'est pas un jugement très charitable, et d'ailleurs qu'importe, car voici comment Madame du Val-noble commentait elle-même la visite de sa fastueuse demeure :

    Madame du Val-noble, élégante et spirituelle courtisane, fait visiter son somptueux hôtel particulier à ses admirateurs. Ce ne sont que meubles sculptés et rideaux de lampas rouge, carafes de cristal pur, robinets en or incrustés de pierres précieuses, fourneaux de cuisine en véritable porcelaine de Saxe, ciels peints , tentures exotiques et tapis orientaux. Elle évoque comme en passant le prix exorbitant de chaque chose et conclut en riant : « Voici mes comptes des Mille et une nuits ! »


Portrait de La Païva vêtue à l'espagnole,
comme les actrices qui embrasent
 les sens de Lucien (p. 375)

 

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