Boccace ou le désir féminin en liberté

J-W Waterhouse, un conte du Décaméron, 1916
    « 
Ce n'est pas au hasard que j'ai choisi Guiscardo : c'est de propos délibéré que j'ai jeté mon dévolu sur lui en le préférant à tout autre ; c'est après mûre réflexion que je l'ai fait entrer chez moi ; c'est grâce à une sage et constante prudence, autant de sa part que de la mienne que j'ai joui si longtemps de l'objet de mon désir. » (Boccace, Le Décaméron, 4ème journée, 1ère nouvelle, trad. Giovanni Clerico)


       Voici une petite chronique hors-programme. Marcel qui s'est enfin attaqué de façon un peu méthodique au Décameron de Boccace (1349-1353), découvre à la fois stupéfié et ravi avec quelle liberté le désir féminin a pu s'exprimer au XIVème siècle. Loin d'être des victimes acceptant passivement le sacrifice, les jeunes femmes au comportement souvent héroïque consentent à leurs désirs et les expriment souvent par de gracieuses avances à de beaux jeunes hommes ravis et consentants ; elles inventent mille stratagèmes pour retrouver leurs amants, et elles revendiquent à l'occasion leur droit au plaisir en des discours conquérants et courageux.
          Quelques mots sur la structure générale du recueil : pour fuir la peste noire qui sévit dans leur ville, dix  riches florentins (7 femmes et 3 hommes) décident de s'installer à la campagne. Pour passer le temps, ils conviennent que chacun racontera une histoire par jour sur un thème choisi par la reine ou le roi du jour. Chaque journée comporte donc dix nouvelles, et cela pendant dix jours, c'est-à-dire 100 contes. On se contente ici d'en résumer deux : la première est d'inspiration légère ; le seconde, plus grave, reproduit le magnifique monologue de Gismonde, que Marcel recommande tout particulièrement.


nb : les longues citations sont empruntées à la traduction de F. Reynard, disponible en ligne. Les citations plus courts proviennent de la traduction de Giovanni Clerico, plus récente.

2ème journée, 7ème nouvelle 

        Sous la régence de Philomène, on discute de tels ou telles qui, diversement persécutés, n'en sont pas moins parvenus, au-delà de leur espérance, à une heureuse fin. Et des persécutions, la trop belle Alathiel, fille du Sultan de Babylone, en a subi plus que quiconque, elle qui ne connaît pas moins de huit amants successifs auxquels elle s'adapte avec une remarquable équanimité, avant de pouvoir être rendue à son père et « réputée pucelle » pour être épousée en juste noces par son premier fiancé. Récapitulons :

        — Alors qu'elle vogue vers son futur mari, le bateau fait naufrage, tous les hommes se sont enfuis, elle est recueillie par Péricon, un gentilhomme étranger « de fière prestance et très robuste » avec qui elle communique par signes. Au terme d'une cour assidue, il parvient à l'égayer grâce au vin qu'elle goûte particulièrement et lui fait découvrir le premier les plaisirs de l'amour :

        Enfin, les convives partis, il entra dans la chambre de la dame seul avec elle. Celle-ci, plus chaude de vin que retenue par l’honnêteté, entra dans le lit, après s’être dépouillée de ses vêtements en présence de Pericon, comme s’il avait été une de ses femmes, et sans être retenue par la moindre vergogne. Pericon l’imita sans retard, et ayant éteint toute lumière, il se glissa prestement à ses côtés, la saisit dans ses bras, et sans qu’elle lui opposât la moindre résistance, il se mit à se satisfaire amoureusement avec elle. Ce qu’ayant senti la dame, elle qui n’avait jamais su auparavant avec quelle corne cossaient les hommes, quasi repentante de n’avoir pas consenti aux avances de Pericon, et sans attendre d’être invitée par lui à de si douces noces, elle l’y invita plusieurs fois elle-même, non par des paroles, car elle ne savait pas se faire entendre, mais par gestes.

        — Mais voilà qu'elle est enlevée par Marato, le frère de Péricon, qu'il vient d'assassiner sans façons pour fuir en bateau avec notre héroïne. Elle se console en sa compagnie de la perte de son premier amant tandis que deux marins, qui convoitent à leur tour Alathiel envoient ce deuxième amant valdinguer par-dessus bord dans l'espoir de s'emparer de la belle :

Après lui avoir tenu une ou deux fois de longs discours, il leur sembla qu’ils l’avaient quasi consolée, et ils en vinrent à discuter pour savoir celui qui le premier la mènerait coucher avec lui. Voulant chacun être le premier, et ne pouvant s’accorder entre eux à ce sujet, ils commencèrent d’abord à échanger de graves injures ; leur colère s’en augmentant, ils mirent la main aux couteaux, et s’attaquant avec fureur, ils s’en portèrent plusieurs coups avant que ceux qui étaient sur le navire pussent les séparer ; sur quoi l’un deux tomba mort, et l’autre, gravement blessé en plusieurs endroits, eut la vie sauve. Cette aventure contraria beaucoup la dame, qui se voyait seule et sans l’appui de personne et craignait fort que la colère des parents et des amis des deux patrons se tournât contre elle ; mais les prières du blessé, et une prompte arrivée à Chiarenza, la sauvèrent de ce danger de mort.


— Une fois débarquée, elle est remarquée par le Prince de la Morée qui en tombe à son tour raide amoureux et fait d'elle sa maîtresse :

        Le prince la voyant, outre sa beauté, ornée d’habits royaux, ne pouvant autrement savoir qui elle était, pensa qu’elle devait être une noble dame, et son amour en redoubla. La tenant en grand honneur, il la traitait non comme sa maîtresse, mais comme sa propre femme. Pour quoi, la dame se rappelant ses malheurs passés, et se trouvant en comparaison fort bien et surtout toute réconfortée, était redevenue joyeuse, et ses beautés fleurirent tellement, qu’il semblait que toute la Romagne n’eût point à parler d’autre chose. 

        — Et elle est redevenue si belle et si joyeuse qu'elle est à son tour convoitée par le duc d'Athènes qui s'introduit nuitamment dans le château, estourbit les gardes et s'alite tout ensanglanté « mais nullement épouvanté du crime qu'il venait de commettre » aux côté de la belle endormie qui s'abandonne d'autant plus facilement qu'elle croit qu'il s'agit du duc : 
        
Après qu’il fut demeuré avec elle en grandissime plaisir, il se leva et ayant fait venir quelques-uns de ses compagnons, il fit enlever la dame de façon qu’elle ne pût crier, et la fit emporter par une fausse porte par laquelle il était entré ; puis, l’ayant placée sur un cheval, il se mit en route avec tous ses gens, faisant le moins de bruit qu’il pouvait, et s’en retourna vers Athènes.

        — Le crime n'est toutefois pas passé totalement inaperçu et la femme du duc (car il était marié) vient demander justice auprès de l'empereur de Constantinople. Las ! En entendant parler d'Alathiel, Constantin, son fils, a le sang tout retourné et dès qu'il l'aperçoit, il en tombe aussitôt amoureux, et donc, selon un scénario désormais bien éprouvé, il l'enlève à son tour :

        Pendant plusieurs jours, la dame pleura sa mésaventure ; mais, à la fin, consolée par Constantin, elle se mit, comme elle avait fait les autres fois, à prendre plaisir de ce que la fortune lui apportait.
        —Hélas le roi des Turcs, en guerre perpétuelle avec l'empereur, attaque Constantin et le tue. Notre héroïne est prise de guerre du roi des Turcs, mais comme il meurt à son tour à la guerre,  elle passe sous la protection d'Antiochus, un de ses familiers qui devient son amant :

Le familier d’Osbech, nommé Antiochus, à qui la belle dame avait été donné en garde, la voyant si belle, s’en amouracha, bien qu’il fût vieux, sans garder le moins du monde fidélité à son ami et seigneur ; et sachant sa langue — ce qui était très agréable à la dame qui, depuis plusieurs années, avait dû se résoudre à vivre comme si elle était sourde et muette, n’ayant personne qu’elle pût comprendre ou dont elle pût être comprise — poussé par l’amour, il prit en peu de jours tant de familiarité avec elle, que bientôt, sans nul égard pour leur seigneur qui était sous les armes et en guerre, ils devinrent non seulement amis, mais amants, prenant l’un avec l’autre, sous les draps, un merveilleux plaisir.

        — Il nous faut bientôt finir cette ronde amoureuse. Antiochus, à l'article de la mort, confie Alathiel à un ami marchand qui promet de respecter son honneur, raison pour laquelle probablement il choisit de la faire passer pour sa femme au moment d'embarquer pour Chypre. Mais la chair est faible:

        Une fois montés sur le navire, on leur donna une chambre à la poupe, et afin que le fait ne parût pas contraire aux paroles, ils dormirent tous deux en un même petit lit. Pour quoi, il advint ce que ni l’un ni l’autre n’avait prévu en partant de Rhodes, c’est-à-dire que l’obscurité jointe à la commodité, à la chaleur du lit dont les forces ne sont pas petites, leur firent oublier l’amitié et l’amour qu’ils avaient pour Antiochus mort, et qu’attirés par un égal appétit, ils commencèrent à se caresser mutuellement, si bien qu’avant d’avoir gagné Baffa, où habitait le chyprien, ils s’étaient déjà apparentés. Arrivés à Baffa, la dame resta longtemps avec le marchand.

        — Mais voici qu'un vieil ami de ses parents passant sous la fenêtre, Alathiel lui saute au cou et lui demande son aide. Grâce à lui, elle invente un mensonge de façon à pouvoir rentrer chez son père (qui la croit morte) aussi chaste et vertueuse qu'elle en est partie. Aussitôt dit, aussitôt fait. La belle Alathiel aussi douée pour la parole que pour l'amour explique qu'elle a été recueillie par des bonnes soeurs dans une maison religieuse, de telle sorte qu'elle est accueillie par papa les bras ouverts et que le mariage avec le roi de Garbe peut enfin se conclure. On appréciera particulièrement la morale finale:

Illustration du Décaméron, 1485

                
Le roi de Garbe fit de cela grande fête, et ayant envoyé une escorte d’honneur pour la chercher, il la reçut avec joie. Et elle qui avait couché avec huit hommes peut-être dix mille fois, se coucha à ses côtés comme pucelle et lui fit accroire qu’elle l’était. Elle vécut en reine auprès de lui, très heureuse, pendant longtemps. Et pour ce, on dit : bouche baisée ne perd pas sa vente ; au contraire, elle se renouvelle comme la lune. — »




4ème journée, première nouvelle

        Cette journée est consacrée à celles et ceux « dont les amours connurent une fin malheureuse ». Ainsi en va-t-il des amours de Guiscardo et Ghismonda, la fille du roi Tancrède. Devenue veuve peu de temps après son mariage, elle comprend vite que son père, soucieux de la garder auprès d'elle ne consentira pas à la marier à nouveau. Elle se met donc en quête d'un amant qu'elle choisit minutieusement, aussi bien « de manières que de moeurs » et jette son dévolu sur un homme d'humble naissance mais noble de coeur. Elle invente un ingénieux stratagème pour lui apprendre ses intentions.

        Comme elle le voyait souvent elle s’enflamma cruellement en secret pour lui, appréciant de jour en jour davantage ses manières d’agir. De son côté le jeune homme qui n’était pas peu avisé, l’ayant remarquée, l’avait reçue en son cœur d’une telle force qu’il en avait oublié toute chose, si ce n’est de l’aimer.
        S’aimant donc ainsi secrètement l’un l’autre, la jeune femme ne désirait rien tant de se trouver avec lui ; mais ne voulant faire à personne la confidence de cet amour, elle s’efforça de trouver un moyen nouveau et ingénieux de le lui apprendre. Elle lui écrivit une lettre, dans laquelle elle lui indiqua ce qu’il avait à faire le jour suivant, pour se trouver avec elle ; puis ayant mis cette lettre dans l’intérieur d’une canne creuse, elle donna la canne à Guiscardo, en disant : « — Tu en feras ce soir pour ta servante un soufflet avec lequel elle rallumera le feu. — » Guiscardo prit la canne, et pensant que ce n’était pas sans motif qu’elle la lui avait donnée et qu’elle lui avait parlé de la sorte, il prit congé d’elle et retourna chez lui avec la canne ; là, l’ayant examinée et voyant qu’elle était fendue, il l’ouvrit et y trouva la lettre ; l’ayant lue, et ayant bien compris ce qu’il avait à faire, il s’estima l’homme le plus heureux qui fut jamais, et s’apprêta à aller vers la jeune femme par le moyen qu’elle lui avait indiqué.

        Les deux tourtereaux filent le parfait amour et parviennent à se retrouver tous les jours dans le plus grand secret et « pour leur plus grand plaisir ». Mais ils sont bientôt découverts par Tancrède qui fait aussitôt enfermer l'amant. Il  accable sa fille de reproches, mais celle-ci, comprenant que tout est perdu, au lieu de se répandre en larmes en larmes et en prières, relève la tête et prononce un discours de vérité à son père où elle revendique son droit au plaisir charnel en même temps qu'elle plaide pour l'égalité des conditions :

— Tancrède, je ne suis disposée ni à nier, ni à prier, pour ce que l’un ne me servirait à rien, et que je ne veux pas que l’autre me serve. En outre, par aucun acte de soumission je n’entends me rendre bénévoles ta mansuétude et ton affection ; mais confessant la vérité, je veux d’abord, par de vraies raisons, défendre mon honneur, puis, par des faits, montrer la grandeur de mon âme. Il est vrai que j’ai aimé et que j’aime Guiscardo, et tant que je vivrai, ce qui sera peu, je l’aimerai ; et si après la mort on s’aime, je ne cesserai pas de l’aimer. Mais à cela ce n’est pas tant ma fragilité de femme qui m’a conduite, que ton peu de sollicitude à me remarier, et sa propre vertu. Tu aurais dû comprendre, Tancrède, étant toi-même de chair, que tu avais engendré une fille de chair et non de pierre ou de fer ; et tu devais, tu dois te rappeler, bien que tu sois vieux maintenant, quelles sont, et combien nombreuses et avec quelle force viennent les lois de la jeunesse ; et bien que toi, homme, tu te sois exercé dans les armes une partie de tes meilleures années, tu ne devais pas moins savoir ce que peuvent les oisivetés et les douceurs de la vie chez les vieux non moins que chez les jeunes. Je suis donc, comme étant née de toi, de chair, et j’ai si peu vécu que je suis encore jeune, et, pour l’une et l’autre cause, je suis remplie de concupiscence et de désir ; à quoi est venue ajouter de merveilleuses forces cette circonstance que déjà, pour avoir été mariée, j’ai connu quel plaisir c’est que de satisfaire ce désir. Auxquelles forces ne pouvant résister, je me suis laissée aller à ce vers quoi elle me tiraient comme jeune et comme femme, et je suis devenue amoureuse. Et certes, en cela j’opposai toute ma vertu, ne voulant pas, autant qu’il était par moi possible, que le penchant qui m’entraînait vers ce péché naturel, nous fît honte ni à toi, ni à moi. À cette fin, l’amour pitoyable et la fortune amie m’avaient montré une voie très cachée par laquelle, sans que personne s’en aperçût je parvenais à satisfaire mes désirs ; et cela, quel que soit celui qui te l’ait montré, ou le moyen par lequel tu l’as su, je ne le nie point. J’ai pris Guiscardo, non par hasard, comme beaucoup font, mais après mûre réflexion je l’ai choisi par-dessus tout autre, et je l’ai introduit près de moi de propos délibéré, et avec une sage persévérance de lui et de moi j’ai satisfait longuement mon désir. Dont il semble que, outre la faute d’avoir péché par amour, suivant plus volontiers la vulgaire opinion que la vérité, tu me reprennes plus amèrement en me disant — comme si tu n’aurais pas dû être ému si j’avais choisi un homme noble — que je me suis commise avec un homme de basse condition. En quoi tu ne vois pas que ce n’est point ma faute que tu reprends, mais celle de la fortune qui très souvent élève haut les indignes et laisse les plus dignes en bas. Mais laissons maintenant cela, et regarde quelque peu au principe des choses ; tu verras que notre chair à tous est faite d’une masse de chair, et que toutes les âmes ont été créées par un même créateur avec des forces et des puissances égales, et une égale vertu. C’est la vertu qui tout d’abord nous distingue, car nous naquîmes et nous naissons tous égaux ; et ceux qui en eurent et en acquirent la plus grande part furent appelés nobles, et le reste resta non noble. Et bien qu’un usage contraire ait par la suite obscurci cette loi, elle n’est pas encore abolie ni détruite par la nature et les bonnes coutumes ; et pour ce, celui qui se conduit avec vertu, se montre vraiment gentilhomme et si on l’appelle autrement, c’est celui qui appelle et non celui qui est appelé qui commet une faute. Regarde parmi tous tes gentilhommes et examine leur vertu, leurs mœurs et leurs façons de vivre, et d’autre part, regarde celle de Guiscardo : si tu veux juger sans animosité, tu diras qu’il est très noble et que tous tes nobles sont des vilains. Sur la vertu et la valeur de Guiscardo, je n’ai pas cru au jugement d’aucune autre personne, qu’à celui de tes paroles et de mes yeux. Qui le recommanda jamais autant que toi, alors que tu le louais dans toutes les choses où un vaillant homme doit être loué ? Et certes ce n’était pas à tort ; car si mes yeux ne m’ont point trompée, il n’est pas un éloge que tu lui aies donné, que je ne lui aie vu mériter et bien plus que tes paroles ne pouvaient l’exprimer. Et si toutefois j’avais été trompée en cela, c’est par toi que j’aurais été trompée. Diras-tu donc que je me suis commise avec un homme de basse condition ? tu ne dirais pas la vérité ; mais si par aventure tu disais que c’est avec un homme pauvre, on pourrait te l’accorder à ta honte, puisque tu n’as pas su mettre en meilleur état un vaillant homme ton serviteur ; mais la pauvreté n’enlève la noblesse à personne, ce que fait parfois la richesse. Beaucoup de rois, beaucoup de grands princes ont été pauvres ; et beaucoup de ceux qui bêchent la terre et qui gardent les troupeaux, furent autrefois très riches, comme il en est encore aujourd’hui. Quant au dernier doute que tu agitais, à savoir ce que tu devais faire de moi, chasse-le tout à fait, si dans ton extrême vieillesse tu es disposé à faire ce que tu n’as pas fait étant jeune, c’est-à-dire à devenir cruel. Use sur moi ta cruauté que je ne suis disposée à détourner par aucune prière, puisque tu en trouves la première occasion dans cette faute, si c’est une faute, parce que je t’assure que ce que tu auras fait ou feras de Guiscardo, si tu n’en fait autant de moi, mes propres mains le feront. Or donc, va pleurer avec les femmes, et persistant dans ta cruauté, tue-nous d’un même coup, lui et moi, s’il te paraît que nous avions ainsi mérité. — »

        Cette grandeur d'âme ne fléchit pourtant pas Tancrède qui lui fait finalement parvenir le coeur de son amant dans une coupe qu'elle arrose de ses pleurs et d'une eau empoisonnée qu'elle boit avec délectation, renouvelant ainsi le topos du coeur mangé. Elle meurt dignement, et son père, plein de remords,  fait enterrer les deux amants dans un même sépulcre.





Boccace, Le Décaméron, trad. F. Reynard (disponible en ligne à partir de wikisource)
ou bien trad. Giovanni Clerico, Folio classique, pp. 172-197 puis pp. 359-362


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